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Journal intime d’une sommelière

Un article de Kristine Mansuy

Crédit photo: Danny Landry

7 octobre 2019 |

Montréal printemps 2012

Je m’apprête à partir pour l’Ouest canadien, à bord d’un train qui me mènera de Toronto jusqu’à Vancouver, pour travailler dans la vallée de l’Okanagan.

J’étais emballée par l’inconnu, l’aventure, attirée par ces paysages de montagnes désertiques si différents des nôtres. Après avoir vu des photos dans des revues viticoles et lu des articles sur cette région, j’étais captivée par cette partie du Canada. J’aurais pu partir n’importe où dans le monde, mais la Colombie-Britannique m’appelait.

L’année précédente, je venais de compléter un stage d’un mois en France dans un vignoble du Beaujolais. Après quelques semaines de travaux manuels dans les vignes, suivis d’un séjour marquant au salon Vinexpo Bordeaux, j’avais envie de me lancer dans la vente. J’ai donc trouvé du travail à Oliver, à quelques minutes d’Osoyoos, dans l’un des vignobles les plus réputés de la Vallée, qui venait de construire un tout nouveau centre de dégustation et d’expérience-client. Inspiré par ses voisins californiens, ce vignoble fut le premier au Canada à offrir des expériences de ce type.

J’ai finalement passé cinq mois dans cette magnifique région et ce fut pour moi une révélation. Après avoir dégusté des vins dans presque tous les vignobles de la Vallée et vécu plusieurs expériences client, j’étais éblouie par la beauté des lieux, les infrastructures des vignobles, mais aussi par la qualité des vins et tout le travail de marketing l’entourant.

Si chaque vignoble avait sa propre signature, son image de marque, tous partageaient la même ligne directrice : la fierté de la région et de ses richesses, et la détermination à faire de l’Okanagan la prochaine destination incontournable en œnotourisme.Inspirée par autant de créativité et de passion, j’étais déterminée à implanter cet état d’esprit au Québec.

Séduite par mon expérience en vente au vignoble, j’étais motivée à en faire une expertise. Dès mon arrivée au Québec, j’ai donc commencé à travailler en tant que représentante des ventes pour une des plus importantes agences en vin de la province. Je représentais une centaine de domaines d’Europe et du reste du monde. Cette expérience fut déterminante dans mon parcours professionnel car elle m’a permise d’aller à la rencontre de grands vignerons.

Tous les sommeliers vous le diront; les rencontres avec ces artisans, ces agriculteurs amoureux de leurs terres, nous font comprendre l’essence même du produit. Le vin est un produit fabriqué par l’homme, mais il est aussi une histoire, un lieu, une philosophie. Ces moments de partage sont si enrichissants qu’ils deviennent la motivation même de notre travail.

Quel est le rôle d’un sommelier sinon de servir de lien entre le vigneron et le client ?
Pouvoir raconter ces histoires, partager la passion et la vision de ces créateurs est pour moi un grand privilège. Un travail important et exigeant qui demande de bien véhiculer les messages et de présenter les vins selon les règles de l’art. Au vignoble où j’ai travaillé à Oliver, on nous appelait les Wine Evangelists (évangélistes du vin). Et nous portions bien notre nom !

Mon voyage sur la route des vins était entamé. Une route sur laquelle j’ai appris beaucoup et j’apprends toujours. Une route remplie d’émotions fortes, de coups de foudre, de rencontres et surtout de découvertes que j’aime partager avec le plus de gens possible.Car des êtres aussi dévoués à leur travail, à leur art, méritent d’être connus.

Après plusieurs années sur la route à vendre de magnifiques flacons d’histoires, mon parcours m’a amenée dans les Cantons-de-l’Est à Dunham, le berceau de la viticulture québécoise. J’ai été appelée à partager mon expertise et à participer à cette nouvelle ère viticole du Québec.

Connaissant peu l’industrie viticole québécoise encore très jeune, et pétrie de mes idées de grandeur, j’étais persuadée qu’il fallait changer de province pour trouver du travail dans un vignoble au Canada ! J’étais encore loin de penser qu’ici aussi, des gens audacieux et un peu fous rêvaient de vins de qualité de renommée internationale.

J’ai alors participé à l’ouverture d’un important vignoble de Dunham. Je me suis imprégnée de ses terres agricoles encore très peu exploitées et j’ai d’emblée été charmée par la région des Cantons-de-l’Est. Je voyais le potentiel d’une destination émergente qui réunissait toutes les qualités pour devenir la prochaine destination œnotouristique incontournable du Canada.

Deux ans plus tard, en 2016, est née KiKico, l’entreprise événementielle que j’ai créée, basée sur l’envie de créer des événements autour du vin qui rendent hommage à la beauté des lieux et aux artisans de la région.
Puis, j’ai développé une expertise et une passion pour les produits d’ici. Faire rayonner notre talent sur le plan régional et international est devenu une mission.

À travers mes événements, ateliers et conférences, j’espère apporter un nouveau regard sur les vins du Canada et semer cette graine de curiosité qui deviendra je l’espère une passion pour les gens et les produits d’ici.

À la vôtre!

Kiki